vendredi 2 août 2013

UE 2014 : adhésions hâtives


Un phénomène étrange se perpétue dans l'Union européenne en matière d'adhésion de nouveaux États au sein de l'UE elle-même et de l'Eurozone :

- d'une part, les Institutions et les Gouvernements reconnaissent tous plus ou moins ouvertement que plusieurs adhésions passées ont été précipitées et prématurées - que les "critères" officiels d'admissibilité ont eu un caractère assez formel et ont mal reflété la réalité des situations économiques et politiques - que les mises en garde de certains organes comme l'OCDE ou la BCE n'ont pas été prises en compte,

- d'autre part, les mêmes poursuivent imperturbablement leur politique de "porte largement ouverte" à l'entrée dans l'UE comme dans l'Eurozone sans tirer les leçons des dégats causés par le laxisme passé.

La principale raison de ce paradoxe est de l'ordre de ... la psychologie politique:  émettre le moindre doute sur l'admissibilité d'un candidat relève du politiquement incorrect dans lequel aucun responsable ne souhaite s'engager. Le Parlement européen en est le meilleur exemple; la Commission (le collège plutôt que les services) n'est pas en reste; le Conseil - qui, lui, n'a pas en charge l'intérêt général ni l'avenir de l'Union - ne se préoccupe que de vagues considérations "géopolitiques" et aucun de ses membres ne souhaite jouer le rôle de l'"empêcheur d'adhérer en rond".

Le dernier exemple en date est celui de l'adhésion de la Lettonie à l'Eurozone.

Moins de 6 mois avant la date fixée pour son entrée, plusieurs sources externes "découvrent" subitement - et en partie grâce aux révélations du
superviseur letton lui-même... - que de nombreuses pratiques financières dignes d'un paradis fiscal existent et même se développent en Lettonie, sur le "modèle" chypriote. Non seulement le secteur bancaire s'y révèle soudain hypertrophié mais il serait également pénétré par des capitaux clandestins d'origine russe.

Or il est hautement improbable qu'aucun responsable européen ne prenne publiquement l'initiative de reporter la date d'adhésion  jusqu'à ce que toute la clarté (possible) soit faite sur la situation réelle des banques lettones et de la connection supposée russo-lettonne.

À moins que la presse ne facilite le travail des responsables en mettant l'opinion publique au courant de la situation réelle du secteur financier letton - mais ce sera sans doute trop tard.

Jean-Guy GIRAUD

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